Entorse : froid ou chaud pour soulager la douleur ?

Entorse de la cheville, du genou ou du poignet : dès les premiers signes de douleur et de gonflement, une question revient systématiquement… faut-il mettre du froid ou du chaud ?

Entre le réflexe de la glace et l’envie instinctive de réchauffer la zone blessée, le doute est fréquent. Pourtant, la bonne réponse dépend du moment où l’on intervient et de l’objectif recherché : soulagement de la douleur, réduction de l’inflammation ou relance de la mobilité.

Dans cet article, on fait le point sur :

  • Les effets réels du froid et de la chaleur sur les entorses,
  • Les recommandations scientifiques actuelles,
  • Les bons gestes à adopter selon la phase de récupération.

Avec en bonus, un focus sur la cryothérapie et son rôle dans la prise en charge des blessures ligamentaires.

Pourquoi se demande-t-on s’il faut mettre du froid ou du chaud en cas d’entorse ?

Qu’est-ce qu’une entorse et comment survient-elle ?

Une entorse est une lésion ligamentaire causée par un mouvement excessif ou anormal d’une articulation. Elle survient lorsqu’un ou plusieurs ligaments sont étirés, distendus voire partiellement ou totalement rompus, sans déplacement osseux associé (contrairement à une fracture).

Les entorses peuvent toucher différentes articulations, mais les plus fréquentes sont :

  • Entorse de la cheville (majorité des cas),
  • Entorse du genou (ligaments croisés ou collatéraux),
  • Entorse du poignet ou du pouce (chez les sportifs ou lors de chutes).

Le mécanisme est souvent simple : faux mouvement, mauvais appui, chute ou sur-sollicitation articulaire.

Bon à savoir : on distingue 3 niveaux de gravité :

  • Entorse bénigne : étirement ligamentaire sans rupture
  • Entorse modérée : rupture partielle d’un ligament
  • Entorse grave : rupture complète, parfois associée à un arrachement osseux

Pourquoi douleur, gonflement et chaleur apparaissent-ils ?

Dès la blessure, le corps déclenche une réaction inflammatoire pour protéger la zone et amorcer la réparation. Cela se manifeste par :

  • Douleur immédiate et vive
  • Œdème (gonflement) lié à l’accumulation de liquides
  • Rougeur et chaleur locales
  • Diminution de la mobilité articulaire

Ces symptômes sont souvent inquiétants, d’où la question récurrente : faut-il refroidir ou réchauffer la zone ?

Faut-il mettre du froid ou du chaud sur une entorse ?

Quels sont les effets du froid sur une entorse ?

Le froid est le réflexe à adopter immédiatement après une entorse.

Voici pourquoi :

  • Il réduit le flux sanguin par vasoconstriction, limitant le gonflement
  • Il a un effet antalgique en ralentissant la conduction nerveuse, moins de douleur
  • Il ralentit le métabolisme cellulaire et préserve les tissus de la dégradation

C’est ce qu’on appelle une action anti-inflammatoire non médicamenteuse.

Le froid est donc recommandé pendant les 48 premières heures

Astuce utile : le protocole RICE (Rest – Ice – Compression – Elevation) est le standard en cas d’entorse. Il peut être complété par une séance de cryothérapie localisée ou corps entier pour soulager l’inflammation de manière ciblée.

Le chaud est-il déconseillé juste après une entorse ?

Oui. Bien que la chaleur soit souvent perçue comme réconfortante, elle augmente la circulation sanguine, ce qui peut :

  • Aggraver l’œdème
  • Accentuer la douleur dans les premières heures
  • Retarder la cicatrisation ligamentaire

Cependant, cela ne veut pas dire qu’elle est inutile.

La chaleur devient intéressante après la phase aiguë, généralement à partir du 3e ou 4e jour, pour :

  • Favoriser la détente musculaire
  • Améliorer la mobilité
  • Stimuler la circulation réparatrice

Pour mieux comprendre les effets du froid en récupération, vous pouvez lire l’article dédié :

Qu’est-ce que la cryothérapie corps entier ?

Vous êtes sportif ? Découvrez également :

La cryothérapie pour le sportif

Comment bien appliquer le froid ou le chaud en cas d’entorse ?

Quelle méthode utiliser pour appliquer le froid efficacement ?

Dès les premières minutes suivant une entorse, il est essentiel d’agir rapidement. Voici les méthodes les plus efficaces pour appliquer le froid :

  • Poche de glace ou de gel (type Cold Pack) : enveloppée dans un linge fin pour éviter les brûlures
  • Glaçons dans une serviette / sachet de petits pois congelés : solution maison rapide et efficace
  • Bombe de froid : utile en situation d’urgence (sport, extérieur)
  • Cryothérapie localisée : en cabinet, permet une application précise, puissante et maîtrisée
  • Cryothérapie corps entier : recommandée pour les sportifs en phase de récupération globale

Durée recommandée :

  • 15 à 20 minutes toutes les 2 à 3 heures
  • Jamais plus de 30 minutes consécutives
  • Ne pas dormir avec une poche de glace

À lire également : Nos prestations de cryothérapie à Issy-les-Moulineaux

Quand et comment utiliser la chaleur en toute sécurité ?

La chaleur est utile uniquement après la phase aiguë (quand l’œdème a disparu). Elle peut être utilisée pour :

  • Détendre les muscles et tissus autour de l’articulation
  • Améliorer la mobilité articulaire avant un exercice doux ou une séance de rééducation

Méthodes possibles :

  • Bouillotte ou coussin chauffant
  • Patch auto-chauffant
  • Bain chaud local (eau à 38–40°C)
  • Sauna infrarouge ou sauna japonais

Durée idéale :

  • 15 à 20 minutes
  • À espacer selon les ressentis, 1 à 2 fois par jour

Contre-indications : ne jamais utiliser de chaleur si l’articulation est encore rouge, chaude et gonflée.

Faut-il consulter un professionnel après une entorse ?

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Bien que la majorité des entorses soient bénignes, certains signes nécessitent une consultation rapide :

  • Douleur intense persistante, même au repos
  • Impossibilité de poser le pied au sol ou de mobiliser l’articulation
  • Œdème qui ne diminue pas au bout de 48 à 72h
  • Hématome important (bleu sous la peau)
  • Sensation de craquement au moment du traumatisme

Ces symptômes peuvent indiquer une entorse grave ou une fracture associée. Un examen médical (radiographie, IRM) peut être nécessaire.

À qui s’adresser pour une bonne prise en charge ?

En cas de doute, le parcours recommandé est :

  1. Médecin généraliste ou urgentiste : pour l’examen clinique et les premières recommandations
  2. Kinésithérapeute : pour la rééducation fonctionnelle et éviter les récidives
  3. Ostéopathe (en complément) : pour travailler sur les compensations corporelles
  4. Centre de soins spécialisés : comme Ligne & Endorphines, pour accéder à des protocoles de récupération par le froid, le sport adapté ou les massages

Froid ou chaud : que disent les études scientifiques sur le traitement des entorses ?

Depuis plusieurs années, les professionnels de santé recommandent systématiquement l’application de froid dans les 48 premières heures suivant une entorse, notamment via le protocole R.I.C.E (Repos, Ice – glace –, Compression, Élévation). L’objectif est simple : limiter l’inflammation, la douleur et le gonflement, tout en facilitant un retour à la mobilité.

Une étude expérimentale menée auprès de basketteurs indonésiens a montré que la thérapie par le froid permettait de réduire efficacement la douleur et l’intensité de l’entorse, que ce soit appliquée avant ou après l’effort. Les deux groupes ayant reçu un traitement par le froid (groupe O1 : avant l’exercice ; groupe O2 : après l’exercice) ont montré une diminution significative de la douleur et de la gravité de l’entorse, avec des résultats très nets sur l’échelle visuelle analogique de la douleur (Pastari & Syokumawena, 2021).

Cependant, une revue critique interroge la place du froid dans le processus de guérison. Dans leur publication, Scialoia & Swartzendruber (2020) expliquent que le protocole R.I.C.E, pourtant largement répandu, est aujourd’hui remis en question. Utiliser du froid juste après une entorse peut soulager, mais l’appliquer en continu ou trop longtemps dans la journée pourrait freiner la guérison.

Pourquoi ? Parce que l’inflammation n’est pas un ennemi : c’est une phase clé du processus de réparation. C’est elle qui déclenche l’arrivée des cellules réparatrices, nettoie les tissus endommagés et initie la cicatrisation. Or, le froid, en ralentissant la circulation sanguine, limite l’apport d’oxygène, de nutriments et l’arrivée des macrophages, essentiels à la reconstruction. Il ralentit aussi l’évacuation des déchets par le système lymphatique.

En résumé : le froid est utile, mais à petites doses. Pas question de garder une poche de glace toute la journée ! Mieux vaut faire des applications courtes (10-15 minutes), espacées dans le temps, uniquement dans les 48 premières heures, et toujours en laissant la peau respirer entre deux applications.

FAQ – Ce qu’on se demande souvent après une entorse

Faut-il toujours appliquer du froid sur une entorse ?

Oui, dans les 48 à 72 premières heures, le froid est toujours recommandé. Il aide à réduire :

  • la douleur,
  • et le gonflement.

Ne jamais appliquer de chaleur dans cette phase aiguë.

Puis-je mettre du chaud si j’ai encore mal plusieurs jours après ?

Oui, uniquement si l’articulation n’est plus enflée ni chaude au toucher. Le chaud peut alors soulager les raideurs et améliorer la circulation.

Peut-on faire du sport avec une entorse légère ?

Cela dépend du degré de gravité. Après avis médical, une reprise progressive du sport peut être envisagée si :

  • la douleur a disparu,
  • l’amplitude de mouvement est normale,
  • et l’appui est sans gêne.

La reprise doit toujours s’accompagner d’un renforcement musculaire adapté, voire de cryothérapie en récupération :

La cryothérapie pour le sportif

Quelle est la différence entre cryothérapie localisée et corps entier pour les entorses ?

  • Cryothérapie localisée : utile en phase aiguë pour traiter précisément la zone lésée.
  • Cryothérapie corps entier : recommandée en phase de récupération globale, pour stimuler l’endorphinémie, réduire l’inflammation généralisée et accélérer la remise en mouvement.

Pour en savoir plus : Qu’est-ce que la cryothérapie corps entier ?

Conclusion – Froid ou chaud en cas d’entorse : que faut-il retenir ?

Le froid en premier, c’est la règle d’or.

  • Dans les 72 premières heures, utilisez exclusivement le froid : poches de glace, bombes de froid, ou cryothérapie localisée si vous avez accès à un centre spécialisé.
  • Le chaud intervient plus tard, pour détendre, assouplir, et relancer la circulation, mais jamais sur une zone encore inflammée.

Le bon usage du froid peut éviter les complications, raccourcir la durée de l’entorse, et améliorer la qualité de la reprise sportive.

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Pastari, M., & Syokumawena. (2021). The effect of giving cold therapy to decreased pain sprain ankle basketball players.

Scialoia, D., & Swartzendruber, A. J. (2020). The R.I.C.E Protocol is a Myth: A Review and Recommendations. The Sport Journal