Lumbago : froid ou chaud pour soulager la douleur ?

Un mouvement brusque, un faux pas ou un simple geste du quotidien… et voilà que votre dos se bloque soudainement. Le lumbago, ou « tour de rein », est une douleur aiguë et brutale qui touche la région lombaire, souvent liée à une contracture ou à un effort inadapté. Très fréquent, il peut rapidement devenir handicapant et générer de nombreuses interrogations : faut-il appliquer du froid ou du chaud ? Quand consulter ? Que faire au quotidien pour soulager la douleur ?

Dans cet article, nous faisons le point sur les meilleures pratiques pour apaiser un lumbago en fonction de son évolution. Vous découvrirez également les autres méthodes naturelles efficaces pour accompagner la guérison, ainsi que les erreurs à éviter pour ne pas aggraver la situation.

Qu’est-ce qu’un lumbago et pourquoi provoque-t-il une douleur aiguë ?

Quelle est la définition médicale du lumbago ?

Le lumbago, aussi appelé « tour de rein », désigne une douleur aiguë siégeant dans le bas du dos, au niveau des vertèbres lombaires. Il s’agit d’une forme de lombalgie aiguë, c’est-à-dire une douleur lombaire apparaissant brutalement, souvent à la suite d’un mouvement inadapté ou d’un effort intense. Contrairement à la lombalgie chronique, le lumbago est transitoire et se résout généralement en quelques jours à quelques semaines.

Il ne faut pas confondre :

  • Lombalgie : terme générique pour toute douleur siégeant dans le bas du dos.
  • Lombalgie aiguë : douleur récente, survenue depuis moins de 6 semaines.
  • Lumbago : forme aiguë et brutale de lombalgie, souvent liée à un faux mouvement ou une contracture musculaire.

Les causes les plus fréquentes sont mécaniques : déséquilibre postural, port de charge, mauvaise posture prolongée, stress, ou encore faiblesse musculaire. Selon Carette et Nadeau (2022), plus de 90 % des lombalgies sont non spécifiques, sans lésion structurelle identifiable, et découlent de troubles musculo-squelettiques fonctionnels.

Quels sont les symptômes typiques du lumbago ?

Le lumbago se manifeste par :

  • Une douleur localisée dans le bas du dos, parfois irradiant légèrement dans les fessiers, mais sans atteinte neurologique (par opposition à la sciatique).
  • Une sensation de blocage ou de raidissement, souvent ressentie au lever ou lors d’un mouvement brusque.
  • Une tension musculaire marquée, avec un besoin de soulager la douleur en se penchant ou en limitant les mouvements.
  • Des difficultés à se redresser ou à marcher normalement.

La douleur est généralement aggravée par les mouvements et soulagée au repos. Selon Alaia et al. (2021), les causes les plus courantes de lumbago sont les entorses ligamentaires, les contractures musculaires profondes et, parfois, une hernie discale mineure.

Pour Malik et al. (2022), la difficulté vient de l’étiquetage généralisé de « lombalgie non spécifique », qui cache une grande variété de causes physiopathologiques (dysfonction discale, syndrome myofascial, etc.). Une stratification plus fine permettrait une prise en charge plus adaptée et précoce.

Faut-il mettre du froid ou du chaud en cas de lumbago ?

Quand faut-il appliquer du froid sur un lumbago ?

L’application de froid est particulièrement recommandée dans les premières heures suivant l’apparition du lumbago. Son effet vasoconstricteur permet de réduire l’inflammation localelimiter l’œdème, et d’agir comme un analgésique naturel, en ralentissant la conduction nerveuse des fibres de la douleur.

Selon Garcia et al. (2021), la cryothérapie – sous forme locale ou corps entier – diminue la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires et améliore la tolérance à la douleur dans les douleurs chroniques d’origine musculo-squelettique. Ces mécanismes sont également valables en phase aiguë, notamment pour calmer les spasmes et détendre les muscles contracturés.

Une poche de glace ou un coussin froid (enveloppé dans un linge) peut être appliqué 15 à 20 minutes toutes les 2 à 3 heures les deux premiers jours. Il est essentiel de ne jamais appliquer la glace directement sur la peau afin d’éviter les brûlures par le froid.

Le froid est particulièrement adapté en cas de lumbago avec sensation de chaleur, rougeur, ou suite à un faux mouvement récent. Il est souvent utilisé par les kinésithérapeutes dans la gestion initiale des douleurs dorsales aiguës.

Quand faut-il appliquer du chaud ?

À partir du deuxième ou troisième jour, lorsque la phase inflammatoire est passée, l’application de chaleur devient plus pertinente. La chaleur favorise une vasodilatation locale, ce qui permet d’augmenter le flux sanguin, de relâcher les muscles tendus, et d’améliorer la mobilité articulaire.

Petrofsky et al. (2020) montrent que l’application de chaleur continue à 40°C améliore significativement la souplesse lombaire et réduit la douleur. La chaleur peut être appliquée sous forme de patch chauffantbouillotte ou coussin thermique, pendant 20 à 30 minutes, plusieurs fois par jour.

Elle est particulièrement recommandée lorsque la douleur est d’origine musculaire ou associée à une sensation de raideur, sans signe inflammatoire aigu.

Peut-on combiner chaud et froid pour soulager un lumbago ?

Oui, l’alternance chaud/froid peut être utilisée sous forme de thermothérapie contrastée, notamment dans les cas de douleurs persistantes où coexistent raideur musculaire et inflammation localisée. Cette alternance stimule la circulation, améliore le drainage des tissus et aide à réduire la douleur.

Cependant, cette approche doit être réalisée avec prudence : le froid est utilisé en premier pour réduire l’inflammation, suivi de la chaleur pour détendre les tissus. Il convient de respecter un protocole progressif (ex : 3 minutes de froid, 3 minutes de chaud, répété 3 fois).

Existe-t-il des situations où ni le froid ni le chaud ne sont recommandés ?

Il existe des contre-indications relatives à la thermothérapie. On évitera l’application de froid ou de chaud dans les cas suivants :

  • Suspicion de pathologie sous-jacente : infection, tumeur, hernie discale sévère, sciatique paralysante, fièvre associée.
  • Troubles vasculaires ou neurologiques : diabète, neuropathie, syndrome de Raynaud, artériopathie sévère.
  • Grossesse : précautions à prendre selon la localisation de la douleur et la méthode choisie.

En cas de doute, il est toujours préférable de demander l’avis d’un professionnel de santé.

Quelles sont les autres méthodes naturelles pour soulager un lumbago ?

Est-ce utile de marcher ou de rester au repos ?

Le repos absolu est contre-indiqué. Il est aujourd’hui recommandé de rester actif autant que possible, en adaptant l’intensité de ses activités. Selon les lignes directrices citées par Carette et Nadeau (2022), la mobilisation douce réduit le risque de chronicisation.

Des marches légères, entrecoupées de pauses, sont préférables à l’alitement prolongé. Le maintien de la mobilité lombaire favorise la récupération. La position allongée sur le côté, genoux repliés, ou sur le dos avec un coussin sous les jambes, peut soulager temporairement.

Quels exercices peut-on faire en complément ?

Les exercices de type étirements douxrespiration abdominale, et mobilisation du bassin peuvent soulager la tension lombaire. La renforcement de la sangle abdominale est également bénéfique sur le moyen et long terme.

Selon Hayden et al. (2021), l’exercice thérapeutique permet une réduction modérée mais significative de la douleur et une amélioration fonctionnelle durable. Il n’est pas nécessaire de viser la performance : la régularité est la clé.

Les exercices doivent être indolores, progressifs et adaptés, idéalement encadrés par un professionnel (kiné ou ostéopathe).

Quels dispositifs peuvent accompagner le traitement ?

Plusieurs outils peuvent être utilisés en complément pour soulager les douleurs lombaires :

  • Ceintures lombaires : apportent un soutien passif temporaire, utile en phase aiguë ou lors des déplacements.
  • Coussins chauffants ou compresses froides : pour gérer les pics de douleur.
  • Huiles essentielles (gaulthérie, lavande, eucalyptus citronné) : en massage doux, pour un effet myorelaxant et anti-inflammatoire.
  • Tapis d’acupression ou balles de massage : pour stimuler la circulation et relâcher les points de tension.

Combien de temps dure un lumbago et quand consulter un professionnel ?

Quelle est la durée moyenne d’un lumbago ?

Un lumbago dure en moyenne de quelques jours à deux semaines. La récupération peut être plus lente chez les personnes sédentaires, en surpoids, ou présentant une mauvaise posture chronique. Selon von Heymann et al. (2023), il est essentiel de prendre en compte les facteurs fonctionnels et psychologiques qui peuvent ralentir la guérison.

Dans la majorité des cas, les symptômes régressent en moins de 10 jours avec des mesures simples : activité douce, chaleur, auto-massage, posture adaptée.

Quand faut-il consulter un kiné, un ostéopathe ou un médecin ?

Une consultation est recommandée dans les cas suivants :

  • Douleur persistante au-delà de 7 jours malgré l’auto-soin.
  • Apparition de signes neurologiques : engourdissements, fourmillements, faiblesse musculaire.
  • Fièvre, amaigrissement inexpliqué, antécédents de cancer ou traumatisme récent.

Le médecin pourra prescrire des examens si nécessaire (IRM, radios), ou orienter vers une prise en charge pluridisciplinaire. Le kinésithérapeute interviendra sur la réhabilitation motrice, tandis que l’ostéopathe pourra agir sur la mobilité articulaire et viscérale.

Froid ou chaud : ce qu’il faut retenir pour bien réagir en cas de lumbago

Résumé des recommandations en fonction des phases

  • 0 à 48h : application de froid pour calmer l’inflammation initiale.
  • Après 48h : passage à la chaleur, pour relâcher les muscles et stimuler la circulation.
  • Possibilité d’utiliser alternativement les deux, selon l’évolution des symptômes.
  • Importance d’écouter les réactions de son corps : si la douleur augmente après application, changer de méthode.

Les erreurs à éviter

  • Appliquer de la chaleur trop tôt, ce qui pourrait aggraver l’inflammation.
  • Prolonger le repos total au-delà de 48h, source de raideur et de déconditionnement.
  • Négliger les facteurs de fond : posture, stress, manque de mouvement, faiblesse abdominale.

Adopter une approche active et progressive est la clé pour soulager efficacement un lumbago et prévenir sa récidive.

RÉFÉRENCES

Alaia, E. F., Rosenberg, Z. S., & Miller, T. T. (2021). Acute lumbar back pain. Radiologic Clinics of North America, 59(3), 395–409.

Bouzigon, R., Grappe, F., Ravier, G., & Dugue, B. (2016). Whole- and partial-body cryostimulation/cryotherapy: current technologies and practical applications. Journal of Thermal Biology, 61, 67–81.

Carette, S., & Nadeau, L. (2022). Non-specific low back pain. CMAJ: Canadian Medical Association Journal, 194(31), E1074–E1075.

Casiano, V. E., Sarwan, G., Dydyk, A. M., & Varacallo, M. A. (2025). Back Pain. In StatPearls. StatPearls Publishing

Garcia, C., Karri, J., Zacharias, N. A., & Abd-Elsayed, A. (2021). Use of cryotherapy for managing chronic pain: An evidence-based narrative. Pain and Therapy, 10(1), 81–100.

Hayden, J. A., Ellis, J., Ogilvie, R., Malmivaara, A., & van Tulder, M. W. (2021). Exercise therapy for chronic low back pain. Cochrane Database of Systematic Reviews, (9), CD009790.

Malik, K. M., Nelson, A. M., Chiang, T. H., Imani, F., & Khademi, S. H. (2022). The specifics of non-specific low back pain: Re-evaluating the current paradigm to improve patient outcomes. Anesthesiology and Pain Medicine, 12(4), e131499.

Petrofsky, J., Lee, H., & Laymon, M. (2020). A role for superficial heat therapy in the management of non-specific mild to moderate low back pain in current clinical practice: A narrative review. Pain and Therapy, 9(1), 83–95.

von Heymann, W., Lütke, T., & Kladny, B. (2023). Low back pain: A disease or condition of impaired functional health? Definition and consequences for the comprehensive care of back pain patients. Zeitschrift für Orthopädie und Unfallchirurgie, 161(1), 62–67.